LA MOMONDE
HISTORIQUE DE LA VALLÉE

HISTORIQUE DE LA VALLÉE

La source de la Sorgue

Rivière du Sud Aveyron

La Sorgue est bien connue dans le Saint Affricain ; sa vallée est jalonnée de villages qui la longent dans la « Vallée de la Sorgue » Si sa course se termine au sud de Saint- Affrique, à Vabres l’Abbaye, en se jetant dans le Dourdou de Camarès après un parcours d’une quarantaine de kilomètres, le lieu de sa naissance est moins connu. Tout simplement à un kilomètre du hameau de Sorgue, vers Cornus où elle apparaît jaillissant de la roche après avoir déjà fait du chemin sous terre !

Au pied du hameau Le Mas Raynal situé à 750 m d’altitude, l’eau de la Sorgue apparaît à une altitude de 578 m. Elle vient en fait de l’un des plus importants gouffres connus chez nous. La rivière souterraine coulant au fond de l’abîme du Mas-Raynal est elle-même alimentée en eau par divers affluents que l’on a découverts au fond de multiples autres grottes et avens existant aux alentours. Cet abîme a été visité pour la première fois par le célèbre Édouard Alfred Martel dès 1885, puis exploré en 1889 en compagnie de Gaupillat, Armand et Foulquier. Ils descendirent alors jusqu’à 103 m de profondeur.

Cette source aurait été l’objet d’un culte gallo – romain. De très nombreuses monnaies romaines et poteries furent découvertes lors de travaux effectués pour capter la résurgence 

En 1920, c’est un particulier nommé Crémieu qui devient propriétaire de l’abîme. Son but était de s’adonner à des recherches en vue de l’utilisation de la force hydraulique souterraine. Un monte-charge à moteur y fut même installé. En 1923, Martel y revint pour y compléter ses observations. Quant aux travaux de M. Crémieu, ils ne furent jamais suivis d’effets.

Le château

Il y aurait eu un premier château aux XIe – XIIe siècles, peut être bâti pour protéger la grotte et sa source. Aux XIIIe – XIVe siècle, il était possession des Montpaon – Saint Maurice . Il passa ensuite par mariage aux Du Pont de Camarès puis aux de Saint Beaulize, aux de Maureilhan puis aux Sambucy. Il fut reconstruit au XVe siècle mais un élément témoin de l’ancienne bâtisse est encore visible sur la façade occidentale : une assise en « opus spicatum », ou arêtes de poissons, serait un vestige d’un ancien donjon carré. On peut y voir le blason. Il était propriété récemment des Bruguière pour être enfin un établissement d’accueil de qualité.

Dans ses recherches sur les étapes de l’occupation humaine de la vallée de la Sorgues, Jean Poujol, historien et archéologue, a déjà publié plusieurs monographies de villages : Saint-Caprazy, Versols-etLapeyre, Saint-Affrique, Vendeloves et Savignac. Dans la collection Carnet d’histoire et d’archéologie de la Société archéologique du Rougier et des avant-causses (Sarac), il vient d’éditer Sorgue en Aveyron (résurgence, château, hameau) (47 pages, 12 €). Jean Poujol dédie cette monographie à la mémoire d’Aimé Poughon décédé il y a peu : « C’est un ancien cadre de l’école EDF qui a fait partie des fondateurs de la Sarac. Il était passionné par tout ce qui est archéologie et histoire. Il est venu fouiller sur mes chantiers. » Dans son nouvel opus, Jean Poujol met Sorgues à l’honneur : « Sorgues a une particularité. C’est le nom de la résurgence de la rivière qui naît au pied du plateau du Guillaumard. C’est aussi le nom du château, et donc de la seigneurie du lieu. C’est également le nom du petit village qui s’étale entre la résurgence et le château. » Le site a été occupé primitivement entre 3000 ans et 2500 ans avant Jésus-Christ. Les deux grottes aériennes qui surplombent la résurgence ont livré la sépulture d’une vingtaine d’individus qui y ont été enterrés à ces époques. « La résurgence par elle-même a fait l’objet du culte de l’eau à la période gallo-romaine, du 1er siècle avant Jésus-Christ au 3e siècle après, explique l’historien. On y a recueilli localeplus d’un millier de monnaies, des offrandes faites à la déesse de l’eau. Cela prouve qu’il y avait déjà du monde à cette époque-là sur le secteur. Le même culte a été observé à la source de Fondamente, actuellement canalisée en fontaine, et à celle de Saint-Rome-de-Berlières. » Quant au château et au village de Sorgues, ils sont attestés au 11e siècle après Jésus-Christ. On y trouve une famille de Sorgues en 1182. Au 13e siècle, la maison de Saint-Maurice-de-Sorgues rachète la seigneurie et en fait une baronnie. « Car le vieux chemin qui reliait l’évêché de Vabres à celui de Lodève longeait la vallée de la Sorgues et passait à Sorgues même, où on payait le péage, indique l’archéologue. Puis on montait sur Canals pour rejoindre aux Infruts, sur le Larzac, le grand chemin de Millau à Lodève. » La baronnie de Sorgues passe ensuite à la Maison du Pont de Camarès. On est au 14e siècle. Puis plusieurs familles achètent le château au fil des siècles. Sorgues et Canals sont intimement liés dans la seigneurie de Sorgues. Le premier village percevait les dîmes et le champard, autrement dit, des taxes sur les terres et les récoltes. La résurgence a fait fonctionner le moulin du seigneur de Sorgues et les paysans étaient obligés de venir y faire moudre leurs graines. Au 19e siècle, la résurgence de la Sorgues a été rachetée par un industriel qui voulait faire de l’électricité. « Il a dénaturé le site, a fait faillite et a laissé le tout en l’état, précise Jean Poujol. Avant d’arriver au château, se trouve en contrebas de la route une pisciculture en activité. »

http://www.lesamismoucheurs.com/parcours-histoires/histoires/decouverte-de-la-sorgue-aveyron

Sorgues en Aveyron (résurgence, château, hameau) » (47 pages, 12 €). Jean Poujol